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Chercheur de renommée mondiale, fondateur de la neurobiologie végétale, Stefano Mancuso est le premier à avoir démontré que les plantes sont dotées d’une véritable intelligence. 

Dans cet ouvrage, écrit en collaboration avec la journaliste Alessandra Viola, il permet aux grand public de s’approprier ses découvertes, et nous invite à modifier notre point de vue sur le monde qui nous entoure. 

« En biologie, nous estimons toujours que nous autres, ­humains, sommes au centre de l’univers du ­vivant et que tout tourne autour de nous. Or nous ne sommes qu’une partie secondaire et négligeable du vivant, et nous avons besoin d’une révolution copernicienne pour nous aider à le comprendre. Il est urgent pour nous de saisir que nous faisons partie de la nature et que notre vie est reliée à celle des autres êtres vivants. Nous dépendons des plantes de ­manière absolue, nous ne pouvons pas vivre sans elles : elles produisent toute la nourriture que nous mangeons, l’oxygène que nous respirons et elles ont produit nos énergies fossiles. » Entretien donné au journal Le Monde, le 15 avril 2018

 

Si nous avons l’habitude d’associer le concept d’êtres vivants à celui d’animaux, ceux-ci représentent en réalité moins de 1% de la biomasse terrestre. Le monde végétal représente donc 99,7% de la biomasse de la planète. Dans la lutte de chacun pour sa survie, les plantes doivent donc être « des organismes beaucoup plus raffinés, adaptables et intelligents qu’on ne le croit souvent ».

«  Malgré la déforestation à outrance, les plantes demeurent ainsi les souveraines incontestables du monde vivant. »

Elles sont à la source de la chaine alimentaire, et s’avèrent indispensables pour l’humanité. Car si les plantes peuvent très bien vivre sans nous, comme elles le font depuis des millénaires, l’inverse est peu probable. L’auteur estime par exemple que l’on connait à peine 5 à 10% des espèces végétales présentes sur terre, mais que nous en tirons 95% des principes actifs de notre pharmacopée.

Véritable manifeste écologique, ce livre pionnier, qui a bénéficié d’une reconnaissance internationale, nous plonge dans un incroyable voyage au cœur du monde végétal. On y apprend notamment que les plantes discernent formes et couleurs, qu’elles sont douées de sensibilité, qu’elles communiquent entre elles et avec les animaux, qu’elles dorment, qu’elles mémorisent des données et qu’elles sont même capables de manipuler d’autres espèces.

Cela semble fou, mais il faut réellement se plonger dans la lecture de ce livre pour réaliser que l’on fait fausse route depuis des années. Oubliez tout ce que vous avez appris, et plongez-vous dans cet ouvrage passionnant.

L’intelligence des plantes

Pour l’auteur, il est évident que les plantes sont douées d’une grande intelligence, du moment que l’on définit cette dernière comme la capacité de résoudre des problèmes et de communiquer avec son environnement, y compris avec les insectes et d’autres animaux.

Les sens des plantes

Elles sont non seulement dotées de nos cinq sens (la vue, l’odorat, le goût, le toucher, l’ouïe), mais en possèdent une quinzaine d’autres, parmi lesquelles une capacité à évaluer le taux d’humidité dans le sol ou les gradients chimiques contenus dans le sol et l’air.

Ce chapitre est passionnant et vertigineux : faut-il être doté d’un cerveau central pour être considéré comme intelligent ? Faut-il avoir des yeux pour voir ? Après la lecture de ces pages, on parie que vos escapades en pleine nature n’auront plus la même saveur!

 

 

La communication

Un autre chapitre bouleversant concerne la communication. Les végétaux s’échangent en effet des informations sur la qualité de l’air, du sol, sur la présence de pathogènes, sur une agression par des insectes. Mais ils sont également capables d’échanger avec d’autres espèces.

Dans l’entretien qu’il a donné au journal Le Monde en 2018, Stefano Mancuso revient sur l’exemple des fourmis :

«  (…) dans de nombreux cas, les plantes sont même capables de manipuler des animaux avec les substances chimiques qu’elles produisent. Un exemple avec les relations que beaucoup de végétaux entretiennent avec les fourmis : quand des insectes les mangent, les plantes émettent des composés volatils pour appeler les fourmis à l’aide. Celles-ci viennent parce que la plante fabrique du nectar plein de sucre. Elles le boivent et défendent la plante contre ses ennemis.

Mais ce qui a été découvert ­ récemment, c’est qu’il ne s’agit pas d’un simple échange « défense contre nourriture » : dans le nectar, il y a aussi des substances neuroactives. Des drogues. Qui rendent les fourmis « accro » et les obligent à rester là. Et la plante module ses sécrétions de composés neuroactifs en fonction de ce qu’elle veut obtenir chez les fourmis : qu’elles aient un comportement agressif, qu’elles patrouillent, etc. »

Outre ces capacités de communication, vous apprendrez aussi que les plantes peuvent manipuler leur environnement à leur insu pour arriver à leur fin.

La manipulation

L’orchidée Ophrys apifera imite ainsi à la perfection la femelle de certains hyménoptères pour les attirer. Elle met alors  en oeuvre un triple mimétisme : celui de la forme et des couleurs du corps pour tromper la vue de l’insecte, celui de l’épiderme pour tromper le toucher, et celui des phéromones pour imiter l’odeur de la femelle. Ils ne repartiront qu’une fois recouvert du précieux pollen qu’ils iront déposer plus loin. Il y a aussi l’exemple de l’Arum titanium, vedette des jardins botanique, qui a choisi comme pollinisateur la mouche carnivore. Pour l’attirer, la plante imite donc l’odeur d’un cadavre en putréfaction.

Outre les insectes, les végétaux sont aussi capables d’utiliser d’autres animaux pour disséminer leurs graines loin de la plante mère, et assurer leur descendance.  L’auteur donne plusieurs exemples tout aussi fascinants les uns que les autres. Nous retiendrons ici l’exemple du cerisier : la couleur blanche de ses fleurs attire les abeilles, assurant la pollinisation de l’arbre. Tant que la graine n’est pas mûre, le fruit reste vert, parfaitement camouflé dans le feuillage de l’arbre. Ce n’est qu’une fois qu’il est prêt à être planté que le fruit se pare de son plus beau rouge, parfaitement visible à travers le feuillage de l’arbre, ce qui permet aux oiseaux de les repérer de loin.

 

En refermant le livre, vous ne regarderez plus le monde qui nous entoure de la même manière. Le fait que notre survie et notre avenir dépendent du règne végétal nous invite à mieux le comprendre. A l’observer. Et à le respecter.

Bonne lecture !

Le livre au format « Poche » peut être emprunté à la bibliothèque d’Okjö sur demande.